Auteur : Nicolas Verdier
Éditeur : Éditions de la Sorbonne
Date de publication : 2015
Nombre de pages : 378
ISBN-13 : 978-2859448967
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L’auteur, Nicolas Verdier, est chercheur au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et ce livre est le résultat d’une étude exhaustive et quantitative sur la diffusion des cartes aux XVIIe et XVIIIe siècles, tant du point de vue de la croissance dans l‘adoption des cartes que de l’analyse des lieux de diffusion (livres, journaux). Le livre présente aussi les différents acteurs créateurs de cartes, des commissaires à terriers* pour les plans de propriété aux ingénieurs militaires et ingénieurs des Ponts et Chaussées, et de leur rôle et approches respectives dans le développement de l’usage de la carte et la création de normes, en particulier grâce à la rédaction de traités cartographiques. Au cours de cette période, la carte devient indispensable à leur profession et devient un élément clé de leur identité corporative.

*terrier : Outil de l’administration seigneuriale, le livre terrier, papier terrier, plan terrier ou simplement terrier, est un registre contenant les lois et usages d’une seigneurie, la description des bien-fonds, les droits et conditions des personnes, ainsi que les redevances et obligations auxquelles elles sont soumises (wikipedia).

Ce livre est un excellent livre de référence pour qui souhaite identifier la littérature de l’époque sur un sujet particulier, concernant la cartographie. Il comprend de nombreuses statistiques et une bibliographie et liste de sources volumineuses.

Par contre, il est loin d’être toujours “accessible”. On est souvent plongé dans le cœur du sujet sans toujours savoir ce qui va être discuté. Jusqu’à la conclusion.

Je suis désolée de le dire, mais j’ai eu du mal à comprendre en quoi ce chapitre était une conclusion au livre, plutôt qu’une présentation de nouveaux concepts et, malheureusement, il y a des pages entières où je n’ai pas compris un seul mot – une chose qui ne m’était jamais arrivée.

La dernière phrase de l’introduction donne le ton du style d’écriture. D’abord un peu énigmatique, on la comprend mieux au fur et à mesure de la lecture.
Partant de l’hypothèse selon laquelle la diffusion d’une innovation quelle qu’elle soit est d’abord son passage par d’autres formes et d’autres lieux que ceux dont elle vient, il a semblé efficace de chercher à savoir comment la carte avait intégré des lieux dans lesquels elle semblait ne pas devoir se trouver. C’est pour cela que nous analyserons la diffusion des cartes dans les livres, tant les critères techniques rendaient cette incorporation difficile. C’est pour la même raison que nous chercherons à pister les discours sur la carte dans la revue mondaine, le Mercure de France, qui, a priori, avait bien d’autres sujets à traiter. Ce n’est qu’une fois ces deux lieux improbables explorés dans leurs temporalités et leurs modalités qu’il sera possible de revenir vers des lieux de diffusion plus évidents tels que la géographie, les plans de propriété, les cartes et plans d’ingénieurs, pour tenter de comprendre pourquoi la carte a été adoptée alors qu’elle était en situation de concurrence”.

Le livre aborde tout d’abord la présence des cartes dans les livres, et la difficulté d’imprimer et d’inclure des cartes dans un livre (texte imprimé) puis dans les journaux.

Il s’intéresse ensuite aux préoccupations des “producteurs” de cartes tout au long de cette période cruciale, pour une meilleure représentation du monde, du globe à la mappemonde, la représentation des hémisphères, des latitudes et des longitudes et de leur distance.

Il discute de la place dans les livres des tables géographiques par rapport aux cartes ; de l’utilité des cartes pour déterminer les itinéraires, étant donné qu’une carte donne des distances (si on regarde les latitudes et longitudes) qui ne correspondent aux véritables distances à parcourir ; de l’usage des cartes par les différents auditoires ; du rôle de la carte pour l’enseignement de la géographie et de l’histoire de la géographie.

Le livre discute enfin les différentes catégories de cartographes – feudistes*, ingénieurs militaires, ingénieurs civils et autres – qui utilisent de plus en plus des plans et des cartes dans leurs métiers.

*feudistes : des juristes spécialisés dans le droit féodal et les droits seigneuriaux. Recrutés par les seigneurs, ils sont chargés de la réfection des livres terriers, notamment lors des périodes de réaction seigneuriale et nobiliaire, comme à la fin de l’Ancien Régime. Ils sont parfois appelés commissaires à terrier ou commissaires feudistes (wikipedia).

L’auteur présente ainsi de façon très détaillée les différents traités publiés par ces corps de métier, pour diffuser les connaissances sur les manières d’arpenter, de lever des cartes, d’utiliser des codes de couleurs et “figurés” (iconographie), ainsi que l’évolution en matière de perspectives, de la vue d’oiseau à la perspective zénithale (verticale de notre position) ou géométrale (ne tient pas compte de la perspective), au cours de ces siècles qui voient de plus en plus la normalisation des approches.

En conclusion, une lecture intéressante, et clairement le travail d’un chercheur, spécialiste de la cartographie de cette période.